Autres articles - Extraits

 

MAX JACOB,
PÉLERIN ET MEDIUM
DE L'ART  ÉTERNEL

 

   Max Jacob ne consacra pas uniquement sa vie à la poésie. Il fut aussi l'artisan d'une importante réflexion sur l'art.

   Max Jacob, le chantre leste et raffiné des distorsions, des apparitions énigmatiques, des images mutantes, des rêves incongrus, des dialogues paradoxaux fut amené, en marge de son travail poétique proprement dit, à se livrer à de nombreuses méditations sur le thème de la création artistique. En ce domaine, un regard porté sur son itinéraire et son oeuvre nous révèle d'impérissables trésors de pertinence et de sensibilité. En premier lieu, Max Jacob était fou de peinture. Il sera de ceux qui rêveront d'embrasser la carrière de peintre. Dans ses jeunes années... [...] ...M. Jacob fut brutalement arrêté par la Gestapo et mourut au camp de Drancy d'une pneumonie le 5 mars 1944. Le poète avait eu l'occasion de noter dans L'Art Poétique ces quelques mots : "On ne donne la vie que par l'émotion". Paradoxalement - cynique et odieuse ironie de l'Histoire de la création littéraire! - à l'autre bout de la nuit, un autre écrivain écrira en des termes similaires : "Au commencement était l'émotion". Cet écrivain s'appelait Louis-Ferdinand Céline... Didier Robrieux

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PERFECTIONNISTES SCROGNEUGNEUS
ET ALTIERS DÉSINVOLTES  AU  PAYS 

DE  L'ÉCRITURE

 

   En matière de travail d'écriture, tout oppose le perfectionniste et le désinvolte. L'image que nous renvoient d'eux-mêmes ces praticiens de la plume si dissemblables se montre souvent déconcertante.  

   Au pays de l'écriture, il n'est pas toujours aisé de confesser que l'on appartient au lot de ces laborieux qui remettent leurs ouvrages "vingt fois sur le métier" tant est fustigé de toutes parts le soucis de l'application, tant est glorifié l'efficacité rapide. Le perfectionnisme agace ou inspire malice. On juge cette observance sinistre et obsolète. On lui préfère la fraîcheur du négligé, l'insouciance hardie du va-comme-je-te-pousse, les charmes imparfaits du brut de décoffrage. Polisseurs et autres artisans de la méticulosité ont fait leur temps. Pourquoi se triturer les méninges, pourquoi s'esquinter le tempérament? Usant à tour de bras de ces formules folkloriques dont elle a le secret, l'époque ne nous enjoint-elle pas avec la dernière véhémence à nous "lâcher" et à fuir toute "prise de tête"?   
   Pour beaucoup, le perfectionniste semble toujours tarder, prolonger, s'appesantir, se complaire dans de lentes fermentations, se livrer à un piétinement contre-productif, bref, ne jamais... [...] ...ne présente selon toutes les apparences rien d'admirable, de sublime, de transcendant. Dans les palais dorés de la réussite, la médiocrité bénéficie souvent d'une égalité de traitement avec le vrai talent. La grande loterie de la chance semble par ailleurs se faire un malin plaisir de rappeler au perfectionniste scrogneugneu comme à l'altier désinvolte qu’il faut sans cesse compter avec ses caprices et son bon vouloir. Didier Robrieux

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LES AIGLES ET LES JAGUARS

       

   Au cours de la bataille de la Nuit triste, les Espagnols apprirent à mieux connaître l'armée aztèque : pris sous un déluge de flèches, ils durent fuir honteusement la ville dans laquelle ils étaient entrés en vainqueurs. Historama a demandé au grand spécialiste Jacques Soustelle qui étaient ces guerriers dont le courage a été occulté par la reddition de leur roi.

- H : Dans vos ouvrages, vous soulignez l'importance de la fonction guerrière dans l'ancien Mexique. Comment étaient organisées les armées aztèques?

- J.S. : Il faut savoir que chez les Aztèques, on dénombrait deux grands ordres militaires qui se rattachaient à une double conception du monde. Il y avait l'ordre des Chevaliers-aigles (Uitzilopochtli) et celui... [...] ...véritable entité de la Terre et de la Végétation. Par la suite, les deux grands prêtres de Mexico porteront ce titre prestigieux. Rappelons que pour les Aztèques, l'humanité actuelle a été engendrée par le Serpent à plumes et par son jumeau, Xolotl, le dieu à tête de chien. Propos recueillis par Didier Robrieux

 

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SI ON PARTAIT EN CHINE

 

   Les vacances approchent et la Chine vous tente? A défaut d'un véritable voyage au pays de la Grande Muraille, Arcs et Flèches Magazine vous invite à vous immerger dans les aventures des brigands des Monts Liangs et du maitre-archer Hua Rong. Dépaysement et émotions garantis!

   Qui n'a pas rêvé d'une expédition en Chine? Alors que le portefeuille reste peut-être insuffisamment garni pour nous permettre de réaliser dans l'immédiat un tel projet, il existe malgré tout un moyen de s'offrir un beau voyage en se plongeant dans la lecture d'un roman fabuleux : Au Bord de l'eau de Shi Nai An et Luo Guan Zhong (Ed. de la  Pléiade). Une des merveilles de la littérature chinois ancienne propre à passionner autant les archers et les amateurs d'arts martiaux que les mordus d'Histoire et de récits d'aventures. Au Bord de l'eau raconte les péripéties d'un groupe... [...] ...à la dernière page, le récit est limpide, concis, cohérent, dépourvu d'approximations et de fioritures. Il semble que l'on va toujours à l'essentiel sans que pour autant ne soient écartées la fraîcheur, l'émotion et la sensibilité. Didier Robrieux

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OÙ VA LA RECHERCHE EN HOMÉOPATHIE ?

        

   Si le traitement homéopathique nous est familier, on connaît moins l'activité de recherche qui s'effectue en ce domaine. Le Dr Bernard Poitevin, praticien homéopathe, enseignant et directeur de recherche des Laboratoires Homéopathiques de France, vient de publier un livre important (1) qui fait le point sur ce sujet. Il a bien voulu répondre à nos questions.

- MD : De nombreuses personnes convaincues par l'homéopathie attendent de la recherche qu'elle apporte les preuves scientifiques qui viendront étayer leurs convictions. Est-ce exactement votre conception de médecin et de chercheur?

- Dr B.P. : Je ne pense pas que l'objectif principal de la recherche homéopathique soit de se justifier aux yeux du monde. Les chercheurs en homéopathie ne sont pas en position de "coupables". Leur démarche est identique à celle qui préside dans tous les autres secteurs de recherche, à savoir.... [...] ...dans un champ plus large que celui du seul médicament homéopathique et c'est ce qui en fait un thème de recherche passionnant. Propos recueillis par Didier Robrieux

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LES ARTS DIVINATOIRES EN FRANCE

Entre l'artifice et le sacré

 

   L'univers de la divination est un jeu d'ombres et de lumières qui exerce depuis la nuit des temps un profond pouvoir de fascination. Un jeu d'ombres et de lumières où se côtoient savoirs et faux-savoirs, faits authentiques et duperies, réalités et illusions, sentiments religieux et superstitions. Au beau milieu de ces ambivalences, que faut-il croire? qui faut-il croire? 

   Le problème formel et primordial que pose sans discontinuer les arts divinatoires est celui de la vérité : vérité des pratiques, vérité des prédictions. Pénétrer les régions complexes de la divination n'est pas chose aisée. Lorsque l'on pose les talons sur ces rivages prometteurs... [...] Didier Robrieux

 

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ENQUETE : COMPORTEMENT 

ET  VIOLENCE 

 

   Vieille comme le monde mais toujours aussi jeune, vigoureuse, actuelle : la violence. Violence aveugle, violence lucide, violence logique... La violence va ici et là, de l'un à l'autre. Elle cogne. Elle encaisse. Elle rend la monnaie de sa pièce. Elle panse ses plaies. Elle écrase. Elle tue.
   Elle brouille les cartes et les identités. En matière de violence, comme au jeu de Bonneteau, on ne sait pas très bien qui est qui. Agresseurs et agressés se retrouvent le plus souvent dans le même panier : celui des victimes.
   Elle peut aller de l'acharnement le plus brutal à la piqûre la plus infime. Quelque soit la dose, elle fait toujours mal. Presque toujours mal... Certains lui trouvent un caractère grandiose. D'autres un goût étrange qui ressemble au plaisir.
   Elle contamine les mots, la musique, la peinture, le jeu, l'espace, l'architecture, le vêtement... "Hard" cruel, sadisme ou désespoir, c'est selon le cas et selon les sensibilités mais toujours l'expression d'un vécu, d'une réalité.
   Le droit et la morale s'arrachent les cheveux. Chacun tire la couverture de la violence à soi. Chacun la pénalise ou la légalise suivant des procédures aussi variées qu'arbitraires. Instrument des clans, de la géopolitique, des fanatismes, des totalitarismes, elle porte tantôt les couleurs du Bien, tantôt celles du Mal et accomplit les basses besognes de l'intolérance, de la duplicité, des intérêts en litige.
   Parfois aussi elle est la seule issue. Le kid du Bronx boxe pour sortir de la misère. Quand il est question de dignité et de survie, elle se montre comme un ultime recours : il est des colères, des révoltes, des rapports de force, incompressibles et certains états de choc permettent transformation, création, ruptures, émancipations positives.
   Violence innée? culturelle? nécessaire? inévitable? Qu'est-ce qui est violent? Qu'est-ce qui ne l'est pas? Une chose est certaine : la violence existe, détermine. Non comme une allégorie diabolique que pourrait exorciser un moralisme raide mais comme un phénomène du vivant et un comportement social aux mille langages. Que l'on s'en accommode ou que l'on s'y oppose, qu'on la subisse, qu'on la partage ou qu'on la revendique, la manière de vivre SA propre violence et celle des "autres", en connaissance de cause, reste une...[...] ...Le sociologue Patrick Baudry soulève un des aspects du débat. Didier Robrieux (introduction à sujet magazine spécialisé)

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LES PREMIERS PAS DE L’ÉCOLE PUBLIQUE
DU PERRAY-EN-YVELINES

 

   Bientôt la rentrée des classes avec son lot d’enthousiasmes et parfois de petites appréhensions. Siècle après siècle, l’école s’est construite, transformée, affirmée jusqu'à devenir une institution majeure formatrice de la personne et du citoyen. Cette période de reprise scolaire imminente reste toute indiquée pour relire l’édifiant ouvrage d’Alphonse Marest, 1789-1889 : Le Siècle de l’Enseignement Primaire, Histoire d’une École du Pays d’Yvelines.

   Trop longtemps, notre communauté nationale se montrera réticente à mettre l’instruction publique au premier plan. Durant des siècles, l’enseignement est négligé, les programmes d’éducation sont laissés en friche, les instituteurs doivent courber l’échine et consentir - sous la contrainte - à endurer une vie matérielle misérable. Que de difficultés à faire dmettre aux pouvoirs publics les nécessités de doter l’école ne serait-ce que d’un bâtiment digne de ce nom.
   Dans un ouvrage richement documenté, Alphonse Marest choisit de nous conter la vie de Pierre-Étienne Levéquau (1766-1834), premier maître d’école du Perray. L’instituteur débute sa carrière en 1786. Il connaîtra l’Ancien Régime, les grandes heures de la Révolution, la période post-révolutionnaire.
   On leur demande beaucoup à ces pionniers «modernes » de l’éducation : une capacité à enseigner, des bonnes mœurs, c’est le moins, mais aussi des compétences musicales, des disponibilités pour le secrétariat de mairie et parfois même des qualités d’équilibriste pour remonter l’horloge du clocher de l’église… Une participation active au chant lors des offices liturgiques est également fortement requise.
   Comment parvenir à assurer la subsistance du foyer dans le cruel contexte économique qui frappe l’époque sinon qu’en pratiquant le cumul des emplois. Nécessiteux parmi les nécessiteux, notre instituteur doit se faire brocanteur, postier et arpenteur pour le compte des laboureurs du village là où d’autres de ... [...] ... accompagnent les temps forts de l’évocation historique. En 1867, la loi Victor Duruy impose l’obligation aux communes de plus de 500 habitants d’ouvrir une école de filles et Angélique Pulcherie Augras sera la première institutrice publique à exercer au Perray en 1869. L’école devient laïque (« interdiction formelle d’y enseigner le catéchisme »), gratuite et obligatoire avec les lois Ferry de 1881 et 1882.
   Aujourd’hui, l’instruction publique en France possède de solides étaiements. En ravivant un passé souvent âpre et mouvementé, l’enquête historique d’Alphonse Marest avec ses commentaires résolus qui n’évincent jamais la nuance ni l’équité de jugement nous en rappelle le prix. Didier Robrieux

 

 

 

DR/© Didier Robrieux

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