DISQUES

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Jazz manouche

ADRIEN MARCO

& friends

Un album live

 

    Pourquoi bouder son admiration ? Chaque fois que l’on écoute le travail musical du guitariste soliste de jazz manouche Adrien Marco, toujours si vivant, toujours si rondement mené, l’étonnement resurgit, l'enthousiasme se rallume, le plaisir se revivifie. Nombre de mélomanes peuvent formellement l’attester.
   
Pour qui n’a pas assisté à son concert du 4 mars 2023 au Cabaret L’Escale à Migennes (89), l’enregistrement sonore qui en a été fait donne une idée du programme présenté. Outre Adrien Marco en lead, la scène comportait pour cette soirée Mathieu Chatelain (guitare rythmique) et Claudius Dupont (contrebasse), membres habituels de son trio, ainsi que Simba Baumgartner (guitare soliste), Titi Haag (guitare rythmique), Costel Nitescu (violon) et Jérémy Dutheil (accordéon) en invités.
    
Que met en avant ce CD « live » fraîchement sorti de fabrication ?
   
Parmi les morceaux saillants, on remarque plusieurs standards, notamment un Night in Tunisia (D. Gillespie) pour lequel la guitare d’Adrien Marco dompte rythmes et harmonies sans faiblir, mettant en valeur les parties de thème faites de relances entêtées comme le joli pont swing du titre. Deux grilles de chorus bien vues s’incorporent dans la foulée.
   
Some of these days, très ancienne chanson de Shelton Brooks qui n’est que défilé de mots d’amour, chemine quant à elle, prise en main par le guitariste, comme sur des roulettes. Entre Poinciana — œuvre surtout rendue célèbre par Amah Jamal — et la six cordes d’Adrien Marco, l’entente est également radieuse, sans nuages. Spain de Chick Corea est pour sa part un morceau plutôt trapu. Moins empressée que certaines versions connues, celle proposée lors du concert de Migennes paraît plus ronde, plus intériorisée. Cette rondeur et cette intériorisation ne manquent pas toutefois de retraduire talentueusement un traditionnel et crépitant fuego espagnol. On citera aussi My one and only love, lente romance qui s’étend sur près sept minutes, exquise, enchanteresse.
   
Le répertoire typiquement « à la Django » prend bien sûr toute sa part dans l’album. Les tempos appuyés sont largement représentés avec un intrépide Duke and Dukie transmettant un bel effet, un Festival 48 qui « déménage », un Wasso's Waltz emmené gaillardement par un accordéon à la forte personnalité. Deux solos « guitares » bien léchés de Simba Baumgartner et d’Adrien Marco appuient par ailleurs le téméraire swing Warm-up, composition commune et attachante de ces deux guitaristes. En jazz, les citations sont des malices toujours appréciées qui entraînent toujours le sourire. Quelques notes de Can’t Take My Eyes Off You (I Love You Baby) traversent savoureusement Warm-up en guise de clin d’œil.
   
Sur un rythme également vif et déterminé, I'll Always Love You raconte une histoire avec plus de gravité, d’introspection. On l’écoute pris dans une sorte de balancement et de charme. De son côté, Some Words se détache dans les plages du CD comme un agréable intermède bossa aux sonorités apaisantes, bien précieuses.
   
Fréquemment, Adrien Marco fait flèche de tout bois. Il emprunte en effet régulièrement à la chanson italienne. Ainsi, on avait entendu sa reprise de Felicia No Capricia (Louis Prima) dans son dernier album Nesso. C’est au tour de Come Prima d’être mis à l’honneur. Un hommage dédié sans nul doute aux atouts incontestablement mélodiques de ces airs populaires nés sous le ciel de la péninsule latine. Come Prima et l’approche swing-manouche « marcosienne » forment un accommodement réussi. Enfin, la chanson française est saluée à son tour par Adrien Marco Trio & Friends avec Un Amour d'été composé par Loulou Gasté, louable et rêveuse ballade.        

                                                                                                                                                Didier Robrieux

 

[ Janvier 2024 ]
DR/© D. Robrieux