Livre

Satchmo ma vie a la nouvelle orleans

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SATCHMO
   Ma vie
    à La Nouvelle-Orléans

 

Une autobiographie de Louis Armstrong


      Les premiers pas
      d’un des géants du jazz

 


    Écrit en 1954 dans un langage chaleureux et imagé, ce texte autobiographique de Louis Armstrong1 portant sur  la première partie de sa vie à La Nouvelle-Orléans constitue un témoignage personnel et historique majeur.
    Né en 1901 au sein d’une famille pauvre, Louis Armstrong passa sa jeunesse dans les quartiers néo-orléanais les plus mal famés, là où se déroulaient des bagarres continuelles et souvent meurtrières entre malfrats, où les altercations intraconjugales parfois sanglantes étaient monnaie courante, où la prostitution s’exerçait férocement et en abondance dans les lupanars, les bastringues du voisinage et à tous les coins de rues.

    En ces temps-là, à l’intérieur des trams de La Nouvelle-Orléans, on trouvait aussi ces banquettes pour voyageurs flanquées d’écriteaux portant la mention « Réservé aux passagers de couleur ». Louis Armstrong et les gamins de son quartier n’avaient pas de chaussures et « allaient pieds nus presque tout le temps »… Et le futur trompettiste dut, comme tant d’autres, « faire les poubelles » pour se nourrir et nourrir les siens.
   
Enfant, Louis Armstrong chante déjà. A l’église, mais aussi sur la voie publique dans un quartet vocal qui permet la récolte de maigres recettes « au chapeau ». Mais pour survivre, il travaillera surtout, et ceci pendant des années, à livrer du charbon aidé d’une charrette tirée par une mule. Par la suite, il exercera une foule de petits métiers : vendeur de journaux, plongeur de restaurant, docker, manœuvre pour une entreprise de démolition, groom…
    Malencontreusement, le jeune Louis sera amené à tâter du tribunal pour enfants et de la maison de redressement (Colored Waif’s Home for boys). Le chef de la fanfare de cet établissement, Peter Davis, finira par lui confier un cornet à pistons, événement qui imprimera une direction radicalement nouvelle à son existence. Sa période effectuée à la maison de redressement est décrite par lui comme une période globalement heureuse. Il la quitte à 14 ans avec désormais un objectif absolu en tête : devenir musicien ! 

    A 15 ans, il commence à jouer du cornet la nuit dans le bar d’Henry Ponce. Puis, il est engagé au sein de l’orchestre de Kid Ory tout en continuant à livrer du charbon le jour. L’aisance matérielle continue de se faire attendre. Il doit fréquemment mettre son cornet ou son complet au mont-de-piété. Par ailleurs, Louis Armstrong ne cache pas, dans cette autobiographie, que durant ses jeunes années il fréquenta, parfois de façon addictive, tripots et maisons de jeu. Il ne dissimule pas davantage qu’il fut occasionnellement souteneur2.

    Sur un plan professionnel, la nécessité d’apprendre à lire la musique s’impose à lui lorsqu’il entre dans la formation de Fate Marable, formation qui se produit sur les bateaux de croisière naviguant sur le Mississipi. Son professeur de solfège sera l’un des membres de cet orchestre : le mellophoniste David Jones. Armstrong passera ainsi trois ans à jouer sur les riverboats mississippiens avant d’assurer des sessions au cabaret de Tom Anderson. Fin 1921, il est 2ème cornet dans le Tuxedo Brass Band du trompettiste Papa Celestin. Il n’a que quelques sous en poche lorsqu’en 1922  — date à laquelle se clôt son récit autobiographique — il part rejoindre King Joe Oliver à Chicago. Pour lui, un parcours musical plus florissant et plus illustre encore débute.

    Tels furent, à gros traits, les premiers pas de celui qui deviendra un des géants de la trompette et du jazz. En dernier lieu, on ne peut pas ne pas prêter attention aux évocations des musiciens (mythiques ou moins connus) que Louis Armstrong met au tableau d’honneur dans Ma vie à La Nouvelle-Orléans, notamment : Buddy Bolden (« Il avait le souffle d’une tempête. »), King Joe Oliver (« Le roi de tous les musiciens (…) Le meilleur trompettiste qui ait jamais joué à la Nouvelle-Orléans. Il n’avait qu’un concurrent, Bunk [Johnson], qui ne le surpassait que dans un domaine : la sonorité.»), Sydney Bechet (« La première fois que je l’entendis jouer de la clarinette, j’en fus renversé »).

Didier Robrieux

                                                                                                                                                                                                                                                            

SATCHMO - Ma vie à La Nouvelle-Orléans
Louis Armstrong

Ed. Les Editions du sonneur,
2021

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  1. Louis Armstrong, surnommé Satchmo ou Pops (1901-1971).

  2. Dans cette autobiographie, Louis Armstrong confesse qu’il fut de temps à autre proxénète. A La Nouvelle-Orléans comme dans tous les autres territoires des USA, les Blancs exploitaient durement et ignoblement les Noirs mais il arrivait que les Noirs (…comme les Blancs) exploitent tout aussi durement et ignoblement les femmes…

 

[Septembre 2021]
DR/© D. Robrieux