Hommage à l'organiste américain Lou Bennett

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Stéfan Patry en trio
au Studio des Gobelins à Paris

 

     Dans la cave du Studio des Gobelins, ce dimanche 10 mai, a soufflé l'âme d'un jazz avantageusement éloigné des deux "F" (funk et fusion) parfois si envahissants sur la scène jazzistique actuelle et parfois si lamentablement répétitifs, l'âme d'un jazz flanqué d'un "esprit acoustique" charnel, prenant, émouvant.
    Un trio de choc composé de Stéfan Patry (orgue Hammond), Richard Portier (batterie) et Christian Brun (guitare) était en effet à la manœuvre pour ce concert organisé en hommage à l'organiste américain Lou Bennett (1926-1997). L'intégralité du programme était consacrée aux compositions de Benett ainsi qu'aux thèmes qu'il affectionnait.

    Très présent dans le jazz, l'orgue Hammond, avec sa grosse voix et ses épaules corpulentes de Titan, peut quelquefois faire fuir les méchants et faire trembler les timorés. Lors de cette session, il n'a pas manqué de grogner, fulminer, rugir, marteler, éructer même, mais a su tout autant se montrer tempéré et apaisant, fluide et raffiné, élégant et mélodieux sous les doigts de l'organiste leader Stéfan Patry.

    Disciple de Rhoda Scott, Stéfan Patry est un performer du jazz renommé, habitué des clubs, salles de spectacles et festivals. L'auditoire du Studio des Gobelins a pu apprécier l'abondance de ses ressources musicales exprimées dans un registre de chaleur, de simplicité et d'émotion, ressources qu'il n'a pas hésité à placer occasionnellement sous le signe de la fantaisie.     

    Participation également remarquable du batteur Richard Portier. Richard Portier se distingue de prime abord par un maintien impeccable et noble devant l'instrument. La suite est à l'avenant : un jeu fougueux et héroïque. Une classe de chevalier !  Le concernant, on peut aussi adjoindre les qualificatifs de fermeté et de puissance. La maitrise aux baguettes, la finesse des interventions et des placements, le rendu artistique, sont chez lui impressionnants. A la batterie, Richard Portier a assuré une précision et une diversité d'exécution qui sont de celles devant lesquelles on reste baba. De la belle ouvrage aussi de la part du guitariste Christian Brun. Le musicien nous a régalé avec son métier, sa ferveur, sa signature sonore chantante, ses suites de solos pas piqués des hannetons. Beaucoup de subtilité. Quand le percussif s'éloigne, quelque chose de soyeux et de serpentin se fait entendre dans les interprétations de Christian Brun. Voila qui a contribué fortement à une concordance harmonieuse pour ce trio et à une homogénéité réussie pour ce passionnant concert.                                 

Didier Robrieux

Photo : Jean-Claude CARPENTIER