Coup de projecteur

                 

La chanteuse de jazz Virginie Coutin
était le 8 décembre dernier en concert

au Centre Culturel de Buc (Yvelines)

 

     En faisant débuter son récital par un susurrant puis frénétique Come rain, la chanteuse de jazz Virginie Coutin nous a donné d’entrée de jeu des gages de son talent. Le concert s’est poursuivi en faisant la part belle aux standards. Se sont notamment succédées des interprétations de Black coffee, Ode to Billie Joe, My Favorite Things, Whisper not. Vocalement à l’aise dans le registre swing et dans le registre blues, Virginie Coutin l’est également dans le latin jazz comme a pu l’illustrer un cha cha cha enjoué et effervescent.
   Chanter Lover Man, cette lente et merveilleuse ballade - dont l’interprétation bouleversante de Charlie Parker, par exemple, nous tire des larmes - sur un mode résolument funk aurait pu abimer ce titre fameux pour longtemps. Mais avec ce pari hardi et cette version insolite, Virginie Coutin joue et gagne !
   Virginie Coutin chante. Nous pensons qu’elle va conduire sa phrase musicale dans telle direction ou qu’elle va y mettre un terme en empruntant telle autre. Eh bien, non ! Elle nous surprend en s’éloignant des axes harmoniques si fréquentés ; elle nous étonne en plaçant sa voix et son chant là où on ne les attendait pas. Des échappées belles, une inspiration inventive, une liberté, qui dénotent une grande amplitude technique et une forte sensibilité d’artiste. La voix de cette chanteuse de jazz sait trouver ses placements justes. Elle sait se faire ombre et lumière, lyrique ou mutine, sombre ou légère.
   Plusieurs musiciens entouraient Virginie Coutin pour ce concert. Les contributions du contrebassiste Jeff Pautrat ont ainsi largement concouru au plaisir du public. Ici, point de dispersion, de confusion ni de bouillie dans les grandes basses mais du coupé menu, des notes détachées, des rythmes sans failles, de la clarté et un vrai engagement musical. Le guitariste Yves Brouqui n’a pas été en reste : des accompagnements précis au plus près de la voix, des incrustations de notes bienvenues, un jeu fluide et toujours impeccable sur les grilles mélodiques, des chorus qui pourraient donner le goût de s’en inspirer à bon nombre de musiciens. Pièce maîtresse de ce quartet, le batteur Christophe Boulanger a suscité, quant à lui, respect et admiration avec un jeu ordonné, intelligent, élégant, raffiné, souvent très aérien. Christophe Boulanger est sans conteste un artisan majeur de la réussite du rendu rythmique de cette formation.
   Un répertoire attractif, des musiciens enthousiastes et de qualité… Lors de cette soirée organisée dans la grande salle du Centre Culturel de Buc, les amateurs de jazz avaient le cœur en fête.

Didier Robrieux

 

[ 2012 ]
DR/© D. Robrieux