Grand texte

GEORGE ORWELL
La Ferme
des animaux
Ce serait commettre un délit envers ceux et celles qui n’ont pas lu La Ferme des animaux de George Orwell (1903-1950) que de dévoiler la trame et le déroulement de ce livre si surprenant, si nécessaire. Disons seulement que dans ce roman — sur un mode la plupart du temps léger, faussement badin, voire humoristique — sont représentées avec la plus grande netteté les horreurs de la perfidie et de l’oppression.
Imaginé par le célèbre auteur de 1984, ce récit publié en 1945 constitue une référence majeure en matière de réflexion sur le totalitarisme, ses mécanismes, son universalisme, son incessante régénération. Si elles montrent parfois un aspect amusant, toutes les figures du despotisme d’état se trouvent en effet réunies dans ce conte inouï : embrigadement, propagande, lavage de cerveau, intimidation, délation, surveillance, répression, procès expéditifs, gommage de l’Histoire, fabrique de fausses nouvelles, retournements opportunistes, autocratisme, culte de la personnalité... L’acuité et l’intelligence perceptive qui sont déployées dans ce texte avec le renfort subtil et malicieux de la métaphore animalière en font un miroir quasi fidèle de la réalité et un phare de lucidité.
« Je me sers d’animaux pour instruire les hommes », écrivait Jean de La Fontaine au Dauphin de France. En fabuliste et en mémorialiste, l’écrivain britannique George Orwell et ses « bêtes d’Angleterre » s’emploie lui aussi, à sa manière, à placer sous la lumière les haïssables et meurtriers invariants présents dans l’Histoire de l’Humanité.
Didier Robrieux
GEORGE ORWELL
La Ferme des animaux
Ed. Belin / Ed. Gallimard / Ed. Livre de Poche
[ Décembre 2025 ]
DR/© D. Robrieux